Lorsque Shane m'avait appris son grave accident de voiture la veille, je n'avais qu'une envie, c'était de rentrer. D'être auprès d'elle et auprès de Sébastiàn. Je me suis énervée, j'ai pleuré, j'ai voulu faire tout un tas de conneries avant que Constance que prenne les devants et nous réserve un billet de retour pour le lendemain. Shane elle en voulait pas que je vienne. Elle m'avait d'ailleurs menacé de "m'éclater" si elle me voyait en ville. A vrai dire ses menaces me passaient au-dessus de la tête, je ne pouvais pas rester à Marrakech alors qu'elle était dans un lit d'hôpital. Et elle allait mal. Je voulais être là pour elle. Parce que, bon sang, qu'est-ce que je l'aimais. J'avais l'impression de devenir folle, folle pour elle. Si elle n'était pas heureuse, je ne pouvais pas l'être non plus. Je n'avais jamais ressenti une aussi forte intensité avant.
J'étais revenue de Marrakech à 14h, Donovan était venue me chercher. Sans même lui demander quoi que ce soit il m'amena directement à l'hôpital. En entrant dans sa chambre j'eus un énorme choc. La voir allonger ainsi sur le lit, incapable de faire de grands mouvements, une douleur comme tatouée sur le visage, les yeux vides, l'incapacité à s'exprimer de façon cohérente... Les larmes me montèrent aux yeux. J'eus envie de hurler et de faire demi-tour comme pour oublier cette vision. Mais mon amour était plus fort que tout. J'essayais de m'adapter à elle. De lui parler comme je le pouvais. Je suis resté pendant deux heures à son chevet. J'avais mis un film à la télé, mais à vrai dire je ne concentrai pas sur ça. J'avais tenu la main de Shane pendant 2 heures, sans la lâcher. Puis elle s'était endormie. Sûrement à cause des médicaments qu'ils lui faisaientt prendre ici. Liam arriva quelques instants après et il m'amena voir Seb... Cet ange, mon petit homme. Je ne comprenais pas comment le destin pouvait autant s'acharner sur une seule et même famille. J'aurai voulu être à la place du petit garçon, il ne méritait en aucun cas ça. Je pleurai encore, avant de décider d'aller faire un tour dehors, respirait de l'air frais, me vider la tête.
Une dispute avec ma soeur et quelques minutes après, je décidais de retourner à l'hôpital. La nuit était tombée et l'air frais s'était levé. Et j'avais reçu un message de Shane, elle était apparemment revenue à elle. J'entrais alors une nouvelle fois dans la chambre. Et une nouvelle série d'électrochocs. Malgré mes yeux rougis par les larmes et le froid et mes joues rouges, j'adressais un léger sourire à ma petite-amie. Je m'approchais doucement du lit et je lui pris sa main délicatement. Je déposais un léger baiser sur son front, avant de la regarder. « Ca va mon ange? Tu t'es bien reposée? » Je jetai un léger coup d'oeil à la chambre. Tout était blanc et hostile. Comment guérir dans un endroit qui donnait encore plus le cafard. Je reposais mon regard, noyé de larmes, sur Shane. « J'irai t'acheter deux trois bricoles demain, pour égayer un peu la chambre, d'accord? »

Depuis le départ de Charlie à Marrakech, tout s'était passé tellement vite, mais si lentement à la fois. J'avais cet accident avec Sébastiàn la veille, lui était dans un état critique, et moi, coincé dans ce foutu lit, et posé en vrac dans ce fauteuil roulant. Je ne savais plus ce qui m'arrivait, j'étais habituée à voir ces murs, mais de l'autre coter. Ce n'était pas moi la patiente, ce n'était à moi qu'on annonçait les mauvaises nouvelles... Et encore, ce n'était pas à moi qu'on donnait les médicaments.
J'avais eu la visite de quelques collègues à moi, des internes eux aussi, et notamment Gary, c'est certainement le seul avec qui je m'entends le mieux. C'était celui que j'avais pris sous mon aile, le jeune homme perdu dans cet immense hôpital. J'avais eu la visite de Liam, et nous étions allés voir mon ange, endormi.

Ce jour-là, j'avais eu des moments d'absences, mais moins qu'hier. D'après les toubibs, j'étais restée planter trois heures au même endroit, sans bouger, sans même cligner un oeil, et à fixer le vide. Plusieurs fois on avait dût m'attacher au lit, parce que j'essayais de trouver le dossier de Sebastiàn, et de voir moi-même ce qu'il avait. Plusieurs fois je les avaient entendus râler, s'inquiéter, et plusieurs fois j'avais hurlé. Mes maux de têtes en étaient d'ailleurs un peu la cause. J'avais envie de me fracasser le crâne contre ces murs blanc, les voir rouge serait peut-être mieux.
Un des internes infirmier était venu pour me donner mes cachets, chose difficile à faire. Ils m'avaient d'ailleurs complétement assommés, à tel point que je ne m'étais pas aperçue de la présence de ma petite amie dans la pièce. D'après elle, nous avions regardé un film, mais je n'en ai pas le moindre souvenirs. Puis elle est partie.

Quelques temps après, j'avais repris mes esprits, regardant mon téléphone pour me connecter sur facebook. Constance m'avait parlé pour savoir si Charlie était venue, mais je l'ignorais. Plus tard, elle se connecta, et je lui parlais un peu, puis ensuite par messages. En aucuns cas je ne m'étais doutée qu'elle soit à l'extérieur du bâtiment.
J'entendis la porte de la chambre s'ouvrir, je tournais difficilement la tête pour voir qui était-ce. J'eus un léger sourire en voyant ce rayon de soleil. Elle s'approcha de moi, me pris la main et m'embrassa le front. « Ca va mon ange? Tu t'es bien reposée? » Reposée n'était pas le mot, assommée convenait le mieux. Ils étaient obligés de faire cela, sinon je piquais des crises, et je ne dormais pas d'un pouce. Je lui caressais doucement la main, cherchant à lui répondre quelques chose. « J'irai t'acheter deux trois bricoles demain, pour égayer un peu la chambre, d'accord? » Charlie était vraiment aux petits soins avec moi. Je vis une larme couler le long de sa joue, cela me fendit le coeur, voilà pourquoi je n'avais pas voulu qu'elle vienne à NO. Je n'avais pas envie de voir ma petite-amie détruite à ce point là, morte de soucis, d'angoisse, ou autre conneries du genre.

- Ne pleure pas... s'il te plait...

Je me mis à tousser, j'avais du mal à parler depuis quelques heures, c'était comme si on m'arrachait la trachée à chaque mots prononcés. Je serrais doucement la main de la belle Blackheart, essayant de lui faire de la place sur le lit. J'eus une grimace, mais je voulais me montrer forte.

- Viens... Je tapotais doucement la place à mes cotés. En aucuns cas... je ne veux... te voir pleurer... Et.. tu n'as pas... besoin d’amener quoi que... ça soit dans... cette pièce... ta présence... me... me suffit...

Je détestais les hôpitaux. Depuis la mort de mon père je m'en tenais éloigné le plus possible. J'eus un léger blocage en entrant dans le hall de l'hôpital. Certes n'était pas le même, mais je me revois longer les longs couloirs, tenant la main de ma mère, ma soeur à côté de moi pour aller voir pour la dernière fois mon père. Il n'y avait pas un bruit dans le couloir, juste les bruits des talons aiguilles de ma mère sur le carrelage. Et aujourd'hui je traversais ce couloir seule et c'était mes propres talons qui résonnaient dans ce tunnel blanc dont je ne voyais plus la fin. J'avais essayé de contenir mes larmes à peine eus-je poser un pied dans l'hôpital. Je voulais être forte pour elle. Je savais qu'elle ne voulait pas me voir dans cet état. Mais en la découvrant poser dans ce lit je n'avais pas pût m'en empêcher. Même la deuxième fois où j'ai passé la porte de cette putain de chambre qui avait pris en otage celle qui détenait mon coeur. Oui je le voyais plus comme une prise en otage que comme autre chose d'autre. Finalement Shane pris la parole me demandant de ne pas pleurer. Pour elle je ravalais difficilement mes larmes, comme elle me l'avait demandé. L'entendre avoir du mal à parler me fendait le coeur. J'avais envie de la faire taire, qu'elle ne s'épuise pas à parler pour moi. Je la vis se déplacer bien que difficilement dans le lit pour me faire de la place. Je voyais qu'elle avait mal. J'aurai voulu lui apaiser toutes ses douleurs physique mais je savais que je ne pouvais pas. Et me sentir impuissante comme ça avec elle me rendait folle. Je m'installais finalement à ses côtés après avoir enlevé mon manteau. Je pris place le plus doucement possible, évitant les gestes brusques. J'avais peur de lui faire mal. Je me tournais légèrement vers elle pour la regarder. Délicatement je posais ma main sur sa joue que je caressais légèrement. Je l'écoutais parler. Pourtant je savais que ma présence ne suffirait pas. J'étais bien décidé de rendre son séjour à l'hôpital le plus agréable possible, bien que le mot "agréable" n'était certainement pas approprié. « Ne parle pas mon ange... Et tu sais très bien que même si tu me dis que tu ne veux pas, je le ferai quand même, je suis têtue. » Lui répondis-je dans un léger sourire. Elle m'avait dit de ne pas revenir à la Nouvelle-Orléans mais je n'en avais fais qu'à ma tête et Shane me connaissait bien maintenant. Je levais légèrement la tête et je déposais un très léger baiser sur ses lèvres. « Je t'aime. »

« Ne parle pas mon ange... Et tu sais très bien que même si tu me dis que tu ne veux pas, je le ferai quand même, je suis têtue. » Je savais pertinemment que Charlie n’appréciait pas les hôpitaux, comme tout le monde d'ailleurs, hormis moi, j'aimais ces endroits. C'était calme, reposant, ça avait un coter mystérieux, tout comme la médecine d'ailleurs. J'ignorais combien de temps j'allais rester cloîtrer dans ces murs, sans bouger, mais je m'en fichais. Je ne comptais pas partir sans la présence de Sébastiàn.
Je regardais ma petite amie qui faisait attention à ne pas me faire de mal, elle n'avait pas en s'en inquiéter, j'étais dure et forte, je serais capable de résister à tout. J'avais la tête légèrement baissée vers le sol, les yeux vides bien que j'étais consciente de ce que je faisais. Elle m'embrassa, et je lui répondis légèrement avant de planter mon regard dans ses yeux bleus. « Je t'aime. » Voilà les plus beaux mots qu'elle pouvait me dire dans de telles circonstances. Je lui fit un léger sourire, posant ma tête contre la sienne, fermant les yeux afin de profiter de cet instant. Charlie m'avait toujours soutenue dans les moindres détails, et je ne pouvais que la remercier.

Nous étions restées là, une petite heure ensemble, collée l'une à l'autre, quand un médecin rentra dans la pièce. C'était mon chef, je le regardais marcher avec un plateau repas et bien entendu les médicaments, ceux qui m'assommaient à longueur de journée. Je ne voulais pas les prendre, pas tant que Charlie était là, je voulais enfin profiter d'elle. « Shane... Il va falloir que vous preniez vos cachets. » L'homme me parlait comme si j'étais une mongolienne qu'on venait d'enfermer, ou comme à un enfant de dix ans. Je n'avais jamais eu de tels rapport avec lui. Je serrais les dents, les yeux noir de haine, je n'aimais pas que l'on me parle de la sortes, je n'étais pas folle.

- Je... NE... SUIS PAS FOLLE !!

Je me redressais d'un coup, hurlant tout ce que je pouvais, tout les noms d'oiseaux qui me passaient par la tête. J'en avais marre que l'on me prenne pour une dégénérer du cerveau. Je voulu me lever mais mes jambes ne m'avaient pas soutenu. Je sentis ma tête se fracassée contre le sol, mais j'essayais de me relever, impossible. Je me mis à pleurer, continuant d'hurler pour ne pas avoir à faire à tout ces médicaments, et autres conneries. Je frappais le sol avec mon poing, rendant celui-ci presque immaculé de sang. Une migraine me traversa la tête, je voulu me taper la tête contre le sol, mais je n'avais pas assez de force pour le faire. Au fond, j'étais peut-être vraiment devenue folle...

Elle n'avait pas répondu à mon "je t'aime". A vrai dire je n'attendais pas de réponse précise. Je voulais juste qu'elle sache cela et que j'étais présente pour elle et qu'elle pouvait compter sur moi. Nous restions dans cette position pendant une heure environ. Je n'avais pas vu le temps passé à vrai dire. On avait pas beaucoup parlé, de toute façon ce que je voulais c'était sa présence et pouvoir lui donner ma propre présence. C'était comme ça, on n'avait pas besoin de mots toutes les deux. Juste savoir que l'une était là pour l'autre et inversement. Finalement un médecin entra dans la chambre, un plateau entre les mains. Je me redressais légèrement, attrapant la main de Shane en voyant sa réaction face à cette entrée. J'aurai voulu la calmer, l'apaiser rien qu'à mon contact, seulement il était trop tard. Elle criait qu'elle n'était pas folle et elle se redressait d'un coup, sortant du lit et essayant de tenir sur ses jambes. Malheureusement trop faible pour tenir elle s'écroula au sol. La voir dans cet état me faisait mal et des larmes réapparurent sur mon visage. Je sortis à mon tour du lit rapidement, et je me précipitais par terre pour savoir si elle allait bien. Je lui prenais les poignets pour qu'elle arrête de frapper contre le sol, passant une main dans ses cheveux pour la calmer. Je relevais finalement la tête vers le médecin qui regardait Shane avec mépris, vraiment comme si elle n'était plus une personne humaine et comme si ces putains de cachets lui feraient rendre une humanité. Je me redressais très vite pour lui faire face. Mes larmes d'angoisses c'étaient transformés en larmes de colère. J'aurai voulu lui faire bouffer le plateau, mais à la place de ça, de la paume de ma main j'envoyais valser le plateau qui tombait à terre. La nourriture et les cachets s'éparpillaient contre le carrelage de la chambre. « Vous ne la connaissez pas bordel! Elle n'est pas folle, arrêtez avec ces putains de cachets! Vous savez ce qui la rend comme ça? C'est votre merde! Elle en a pas besoin d'accord? Et si c'était vous à sa place? Ca vous plairait vraiment qu'on vous considère comme un fou parce que vous voulez allervoir votre enfant pour être à son chevet? Vraiment, c'est de la folie ça pour vous? » J'étais à deux doigts de lui coller mon poing dans sa figure mais je me retenais. Il commença à prendre un air supérieur à moi. Il pensait certainement qu'une petite blonde, fluette comme moi ne pouvait être aussi expérimentée que lui. Je n'étais peut-être pas expérimentée, mais bon dieu qu'est-ce que j'étais têtue et butée! Il était tombé sur la mauvaise personne. « Mademoiselle calmez-vous! Je suis médecin, je sais ce que je fais et j'estime avoir droit à un peu de respect de votre part. Shane est instable et justement ces médicaments l'aideront à retrouver une stabilité psychologique. Je sais ce que je fais c'est mon métier. Vous, vous n'y connaissez rien, alors laissez-moi où je serai obligé d'appeler la sécurité! » S'en était trop pour moi. Le ton montait un peu plus et j'en venais même à lui hurler dessus. « Médecin ou pas j'en ai rien à foutre! Je n'ai aucun respect à avoir pour un type qui considère que gaver une personne de médicaments, pardon de la droguer! Oui parce que c'est ce que vous êtes en train de faire, vous la droguez! C'est à cause de vous qu'elle est comme ça, seulement à cause de vous! Sortez maintenant et surtout, ne la touchez plus! » Mon regard était menaçant. Il faut dire que je ne supportais pas la voir comme ça, surtout à cause d'un médecin à la con. Il sortait et je me précipitais vers Shane. Je l'aidais à se relever avant de la remettre sur le lit. Je caressais légèrement ses cheveux en la regardant. « C'est fini bébé, calme-toi... »