Ce soir là, j'avais décidé d'emmener Sébastiàn au cinéma. Charlie était partie au Maroc avec Constance, et Liam se tapait une soirée chez Cameron. Mon fils était particulièrement excité ce soir-là, et donc, pour le calmer je me suis dis qu'un bon film serait le bienvenue. On me prendrait peut-être pour une mère indigne, mais j'avoue que je m'en fiche.

La séance s'était passée sans encombres, j'avais rejoint ma voiture avec Seb, et j'avais quitté le parking. Je conduisais tranquillement, mon fils ne voulait pas s'attacher, peut-être aurais-je dû m'arrêter ? La maison n'était pas bien loin. Seb dessinait sur les vitres de la voiture. Dehors il faisait plutôt froid, d'où la présence de buée sur les fenêtres. Tout se passa si vite, je demandais à Sebastiàn de s'asseoir, je me retournais légèrement pour qu'il m'écoute, mais il cria.

J'entendais des bruits autour de moi, des sirènes de pompiers, des cris hystérique, des bruits de pas, mais rien d'autres que ça. J'ouvris doucement les yeux, je me sentais comme paralysée, j'avais peur qu'il arrive quelques chose à mon fils, j'étais en dehors de la voiture. Je tournais la tête, c'est alors que je vis son corps allongé au sol, sans un mouvements. Un pompier s'approcha de moi, me demandant de lui serrer la main, je ne voulais pas, je voulais Sebastiàn, lui seul. Je sentis des larmes qui coulaient le long de mes joues, je voulus hurler mais ça me semblait tellement impossible... J'avais peur, non pas pour moi, mais pour mon enfant. Je ne voyais pas bouger, qu'en était-il pour lui ? Que s'était-il passé ? J'essayais de bouger, mais il m'en était totalement impossible.

- Comment va mon fils ? Occupez vous de Seb, plutôt que moi...

Je scrutais le pompier. Je retournais ma tête vers Sebastiàn, qui lui ne bougeait toujours pas. L'homme n'avait pas bougé d'un poile, cherchant des quelconques blessures, mais j'en avais de partout. Je levais doucement le bras, attrapant l'uniforme de l'homme à mes cotés.

- ALLEZ... VOIR... MON... FILS !!!

J'avais crié de tout ce que je pouvais. C'est alors que je reconnus une voix, celle de Sasha, je me remis complétement sur le sol, soufflant légèrement, bien que la douleur m'en arracha une grimace.

Quand mon portable a sonné, j’étais chez Cam, on était bien les deux, j'adorais être avec elle. Et là, voir le prénom de mon ex meilleure amie s’afficher sur l’écran, j’ai bien vu que Cam a pas trop apprécié que je réponde. Mais c’était pas normal, elle avait pas téléphoné depuis qu’on s’était pris la tête, et on devait se voir demain.

« Ouais ? … PUTAIN QUOI ?! OU CA ? … J’arrive ! … »

J’ai vaguement entendu ce qu’elle disait encore. Elle y restait, j’avais beau lui en vouloir, rien à faire, là ça comptait plus, et j’étais bien content que Shane et le petit ne soient pas seuls. Mais quelle merde ! C’était pas possible ! Y avait toujours une couille ! Shane pouvait pas être tranquille un jour, sans parler de Seb. C’était con, mais il était comme mon fils… et ça devait me faire comme si on venait de m’annoncer que mon gamin avait eu un accident de voiture avec ma sœur. J’étais tendu, j’ai glissé mon téléphone dans ma poche tout en me levant sans même chercher autre chose. Cam était super forte si elle avait compris un seul mot de la conversation que je venais d’avoir, sauf qu’elle devait bien voir qu’il y avait un truc de pas clair dans ma réaction. Je me suis pas étendu, j’ai juste dit ce qu’il se passait et elle est venue avec moi.

J’ai roulé comme un dingue, klaxonné, gueulé sur des mecs qui avaient dû avoir leur permis dans une pochette surprise. Y aurait eu un flic sur la route, je crois que j’étais bon pour une nuit au poste, mais je m’en fichais, c’était ma sœur, mon neveu, et Cam ne disait rien. Je me suis garé sur le trottoir, le plus près possible, avant qu’on descende de voiture et qu’on approche du lieu de l’accident. J’ai bien cru que j’allais mettre mon poing dans la gueule de l’agent qui comprenait pas que c’était ma famille là-bas. Pfff, l’abruti ! Ma main devait serrer trop fort celle de Cam que j’entrainais au-delà des barrières de sécurité, mais elle ne disait rien avant que je la lâche.

J’ai demandé à « SASHA ! Ils vont comment ? » en arrivant près d’elle. Sans attendre sa réponse, apercevant Shane je me suis rapproché… Seb était sans doute déjà dans une ambulance, je ne le voyais nulle part. « Putain… ça va ? »

C’était ça avoir envie de faire quelque chose et d’être impuissant. Je détestais ça ! Ca me rendait dingue ! Je voulais faire un truc, mais je pouvais pas. Je sentais juste la présence de Cam derrière moi, je voyais tout le monde s’afférer et je pouvais rien faire. C’était Shane le futur médecin, pas moi. Et Seb ? Putain il était où ? Il allait comment ?

Je tournais la tête sur le coter. Je voyais un attroupement de pompiers autour de Sebastiàn, j'entendais des électrochoc, je me mis à pleurer. Pas lui, pas mon fils, je ne pouvais pas le perdre comme ça. C'était à moi de mourir en première, pas lui, c'était pas ça la vie. «Le petit est sauvé, mais on l'emmène de suite en réa.». Je fermais les yeux un court instant, le pompier à mes cotés n'avait pas bougé, essayant de voir où j'étais blessée, etc.. C'est alors que j'entendis des bruits de pas. « SASHA ! Ils vont comment ? » La voix de Liam me traversa l'esprit, j'eus presque envie de sourire, mais je n'y arrivais pas, rongée par les remords. Il s'approchait de moi et se mit à ma hauteur, se fichant de la présence du secouriste, je reconnaissais bien là un Hanniger. « Putain… ça va ? » Je me mis à rire légèrement, même dans les moments les plus grave, Liam savait faire rire son monde, sans le faire exprès parfois. Je perdis mon sourire. Je n'arrivais plus à bouger d'un poile, comme immobiliser. C'est alors que des pompiers me déposèrent sur un brancard, je tournais les yeux vers mon frère, inquiète.

- Seb'... Il... Il a besoin de toi...

J'étais essoufflée quand je parlais, et c'était presque inaudible.
Plusieurs pensées me traversaient l'esprit, Charlie, Sebastiàn, Liam, ma mère... Je ne pouvais pas les laisser comme ça, je n'en avais pas le droit, mais bon. Charlie était en train de se faire dorer la pilule avec Constance, mon frère était présent avec Cam, Seb était entre la vie et la mort, et ma mère, j'ignore pourquoi je pensais à elle.

Je me sentis partir, les yeux fermés, je me laissais aller à d'autres univers encore jamais explorés. J'avais l'impression d'être bien, de ne plus rien sentir, et pourtant, je souffrais autant intérieurement, qu'extérieurement. Les voix paraissaient lointaines, et quelqu'un compris que j'avais perdu connaissance. On vérifia mon pouls, ma respiration, tout semblait normal, ou presque. « Monsieur Hanniger c'est ça ? » L'homme s'était adressé à Liam bien entendu, il voulait en savoir plus à mon sujet, si j'avais l'habitude de consommer de l'alcool, de la drogue, si j'étais de nature dérangée, à mettre ma vie et les autres en danger, etc... Tout cela était pour des renseignements soit disant obligatoires.