Le mercredi aprem c’était notre moment, à Sébastiàn et moi, et quand Shane était libre, à nous trois. C’était l’instant que l’on passait tous ensemble, comme une vraie famille. Certains trouveraient ça crétin, mais ça comptait. Il nous restait bien nos grands-parents qui nous aidaient financièrement, mais à côté de ça, on avait fait quelque chose de stable pour le petit, et je le considérais comme mon fils. Je ne sais pas comment ça se passerait le jour où l’un de nous finirait vraiment en couple. La question ne se posait pas encore, même si Shane sortait avec Charlie maintenant. Un jour peut-être, mais il me paraissait loin. Trouver chaussure à son pied n’était pas si simple. Cameron me plaisait bien, mais il y avait eu Gavin, et maintenant sa pause dans les sentiments, pas la peine de tout compliquer.

Glissant un bras autour des épaules de ma sœur après avoir interrompu la sonnerie de mon téléphone, j’ai regardé Sévastiàn continuer à courir en direction du terrain de jeu. On ne pouvait pas le perdre, et ça nous permettait d’avoir un moment pour parler, avant de le rejoindre plus tard. Ils étaient les personnes les plus importantes de ma vie et ils passeraient toujours avant le reste, y compris ma mère. Surtout pas ma mère. Elle essayait parfois de téléphoner, comme là, mais je ne répondais jamais à ses coups de fil. Si elle voulait récupérer sa famille, cela passerait par Shane ou pas du tout. Qu’elle accepte sa fille, ma jumelle, même si on était différent. Même si elle sortait de ce qu’elle aurait voulu, et qu’elle avait préféré les filles plutôt que les garçons. Si elle prenait seulement la peine de la connaître, de l’accepter, ou même de connaître Charlie, elle aurait l’air moins conne dans son coin. On n’avait pas besoin d’elle.

« Tu vas me raconter comment ça s’est fait avec Charlie ou je vais devoir tout deviner ? » Un clin d’œil, un sourire en coin, j’étais bien parti pour la faire chier jusqu’à ce qu’elle vende enfin la mèche. Je savais que cette histoire lui faisait du bien, mais je connaissais aussi son passé, et je ne voulais pas qu’elle commence à garder tout ça pour elle, surtout par rapport à moi.

Voilà un mercredi comme je les aimais. Avec Liam et Sébastiàn, nous avions pris l'habitude de sortir en famille. Généralement on aller au parc, ou même parfois faire les boutiques. Ce jour-là, j'étais un peu dans les nuages. J'avais enfin ma journée de repos, et c'était mieux ainsi. Je pensais à diverses choses, tout d'abord, si Seb' était assez couvert, s'il n'avait pas froid. Et comment se déroulait la journée de Charlie, ah.. Charlie... Cette magnifique blonde qui avait réussit à m'ouvrir le coeur, à me faire de nouveau aimer... Voilà quelques jours que nous étions ensemble officiellement, mais trois ans que nous nous côtoyons.

Je sortis de mes pensées en sentant le bras de Liam autour de mes épaules, je fis de même mais avec sa taille. Il avait toujours très protecteur envers moi, et personnellement, j'essayais de lui rendre l'appareil. Je regardais Sebastiàn courir au loin en direction du parc à enfant. J'avais eu des moments difficiles avec lui, mais il faisait ma fierté à présent, et puis, mon amour de frère était là pour m'aider aussi. Je me mis à sourire, regardant les premiers flocons de neige qui étaient en train de tomber devant nous. Voilà un bel automne en perspective... « Tu vas me raconter comment ça s’est fait avec Charlie ou je vais devoir tout deviner ? » Je savais que Liam n'allait pas lâcher l'affaire aussi facilement. Il s'inquiétait pour moi, et au fond de lui, il savait que j'avais peur de m'aventurer dans cette relation. J'avais peur qu'elle me détruise à nouveau. Une partie de moi me disais de ne rien craindre, que je pouvais lui faire confiance, mais comment ? Je regardais mon frère, souriante.

- Comment ça s'est fait avec Charlie ? Tu veux vraiment le savoir ?

Liam avait l'air sûr de lui. Je tournais alors le regard vers Sebastiàn, essayant de voir si tout allait bien pour lui. Je n'avais pas l'habitude de me confier, hormis justement à mon frère, et Lily, ma meilleure amie, ma femme par substitution. D'ailleurs, je devais aussi lui parler de tout ça.

- J'ai été très exécrable avec Charlie pendant quelques temps. Je ne la voyais plus, je ne lui parlais presque plus, seulement pour l'envoyer bouler. Et puis... on a parlé, beaucoup parler même. Je lui ai avoué mes sentiments, elle les siens, mais on avait peur de se lancer. Puis il n'y a pas très longtemps, sur facebook... on en a reparlé. Et on s'est dit qu'il valait mieux jouer avec le feu pour avancer, et voilà où nous en sommes...

Je lui avais tout déballer en un petit résumé. C'était un de mes défauts, je parlais, mais rapidement, et j'allais droit au but, sauf quand ça n'allait pas, dans ces cas là, je tournais autour du pot.

J’ai souri à sa question. Ouais, je voulais savoir comment elles étaient enfin parvenues à en parler à ce point. Je savais depuis un moment qu’il y avait un truc entre elle. Ca se voyait. Il n’y avait même pas à hésiter sur ce point. Quand elle a commencé à parler, je l’ai écoutée, la regardant tout en jetant de temps à autre des coups d’œil à mon neveu, ce gamin que j’adorais. C’était presque mon fils, et je savais qu’il disait à ses camarades que j’étais son père. Ca ne me dérangeait pas, je m’occupais de lui comme si c’était bel et bien le cas, avec nos habitudes et nos moments que l’on passait ensemble. Parfois, c’était une vraie famille. A d’autres moments, c’était comme une famille séparée. La mère d’un côté pour certaines activités, le… tonton de l’autre, pour d’autres.

Jouer avec le feu ? C’était un peu ce qu’il fallait faire parfois, surtout quand on en avait l’occasion. Je trouvais que c’était une bonne chose pour elle. Surtout si les deux avaient peur, ça prouvait bien que c’était sérieux entre elles, pas juste un truc passager qui ne voulait rien dire. De mon côté c’était plus compliqué : je craquais sur Cameron depuis un moment, mais elle était à fond sur Gavin. Même dans sa pause sentiments, il ne fallait pas que je me leurre, c’était pas en claquant des doigts qu’on oubliait quelqu’un dont on avait presque cassé le couple pour tenter de le récupérer. Plan très con, mais plan quand même. J’avais toujours pris ce que je pouvais, en me disant que je finirais par trouver une fille qui me fasse zapper ce détail. C’était pas comme si j’étais amoureux. Craquer c’était autre chose, et il n’y avait rien à tenter.

« C’est bien d’essayer, et ça vous va bien. Parce que Soeurette, j’avais compris votre manège depuis un moment. Ca se voyait qu’elle te plaisait, et que tu lui plaisais. Je suis content pour toi. Tu le mérites petite sœur. » C’était pas faux, depuis tout ce qu’elle avait traversé, elle méritait d’être enfin un peu heureuse. Il fallait bien que les emmerdes s’arrêtent un jour. Après son viol, le rejet de notre mère, l’autre qui lui avait fait du mal en jouant avec ses sentiments. Et j’avais toujours envie de la protéger… dur de se battre avec une fille. Dur de retrouver un connard qui avait abusé d’elle. Mais j’avais été là, et j’étais encore là.

« C’est bien d’essayer, et ça vous va bien. Parce que Soeurette, j’avais compris votre manège depuis un moment. Ca se voyait qu’elle te plaisait, et que tu lui plaisais. Je suis content pour toi. Tu le mérites petite sœur. » En effet, j'en avais bavé plus jeune. En premier plan fut quand j'étais sortie avec Mary, je me demandais comment elle avait fait pour autant jouer de moi, vu les nombreuses années que nous avions passés ensemble. Puis, il y a eu cet enfoiré, le soir de la remise des diplômes, le soir où je venais de me faire larguer, ayant profité de mon ébriété pour abuser de moi... Et le rejet de ma mère par la même occasion. Ca faisait beaucoup en l'espace de seulement quelques petites heures... J'en souffrais encore mentalement, j'ai mis du temps à pouvoir me reconstruire une vie normal, et Liam avait été présent pour moi, je ne pouvais que le remercier...

Je me tournais vers Sébastiàn, je le vis sur un toboggan, il avait bien grandit, et j'étais plutôt fière de moi, il avait l'air bien éduqué mal grès son style complétement décalé des autres petits de son âge. A cinq ans il était passé par plusieurs coupe différentes, et style vestimentaires différents, mais c'était lui qui le voulait, alors pourquoi pas ? Je ne cessais de le regarder, j'avais eu beaucoup de soutien, encore de la part de Liam, mais Charlie m'avait aidé depuis que nous nous connaissions. Elle aussi parfois le considéré comme son fils, et j'en étais comblée. Le petit avait ainsi une stabilité parental, un... oncle qui faisait office de père, une mère. J'espère qu'un jour il comptera Charlie dans ses parents.

Je me tournais à nouveau vers mon jumeau, je savais aussi ce qu'il se tramait de son coter, Cameron, cette magnifique blonde avec qui j'avais même voulu coucher, mais je ne l'avais pas fait, par respect pour Liam. Je savais qu'il craquait pour elle, et qu'une relation ne le dérangerait pas le moins du monde. Mais apparemment, Cam n'arrivait pas à se sortir de son ancienne relation avec... Gavin, il me semble. Je fronçais légèrement les sourcils, je n'aimais pas que Liam soit triste, ou quoi que ça soit... Lui aussi avait le droit au bonheur...

- Je te remercie frangin. Et puis, tu sais aussi bien que moi qu'elle et moi ne cherchions pas à nous cacher. Et encore moins devant toi, depuis le temps qu'elle venait à la maison. En tout cas, merci.
Et pour toi, et Cam, je suis persuadée qu'elle se rendra compte qu'il y quelques chose de plus entre vous, je le sens, et vu comme elle te regarde, elle a des sentiments, j'en suis persuadée...