« Salut... Charlie c'est ça? Je suis Grayson, un ami de Sasha. Je peux t'offrir un verre? » Je levais la tête vers cette voix masculine. Un charmant brun se tenait devant moi. Il avait un regard hypnotisant, un charme fou, bien qu'il semblait sombre. Bien sur je l'avais déjà vu, avec ma soeur notamment. Je l'avais croisé un soir, alors qu'il sortait en douce de sa chambre. Je regardais mon verre presque vide dans mes mains. Je l'avalais aussitôt et je relevais la tête vers lui. « Je sais qui tu es. Et pas la peine de tourner autour du pot, tu t'es tapé ma soeur, je le sais. Pour le verre avec plaisir. » Cela faisait quelques mois que mon père était mort. C'était peut-être pour ça que je me retrouvais dans cette soirée où la débauche était apparemment le mot d'ordre. J'étais assise sur le canapé, il s'installa à côté de moi avant de me servir un shooter de tequila.
La soirée est passée, j'ai appris à connaître Grayson, à vrai dire sa rencontre m'a fait du bien. On a beaucoup bu ensemble et pourtant il ne s'est rien passé. Il faut dire que je n'avais que 14 ans et je n'étais encore qu'une enfant, bien loin de la femme que je suis aujourd'hui. On s'est revu beaucoup de fois après, à parler à coeur ouvert. Enfin du moins pour ma part. Au début il ne parlait pas beaucoup de lui. Puis au fur et à mesure il s'est ouvert à moi, en même temps je tombais amoureuse de lui. Mon premier amour. On ne s'est jamais dit"ensemble", on a jamais voulu coller d'étiquette, bien que j'étais très attachée à lui et qu'il me disait la même chose. Il m'a tout fait découvrir, l'alcool, la drogue, l'amour, la liberté et le soir de mes 15 ans, le sexe. Bien que des substances, illicites, se mélangeaient dans mon organisme, se fut fabuleux. Je ne me suis posé aucune question, c'était si naturel. Nus sous les draps, l'un contre l'autre, je caressais doucement son torse. « Je t'aime. » Ces mots s'étaient échappés de mes lèvres sans que je ne puisse résister. Je me mordis d'ailleurs légèrement la lèvre inférieure. Un silence s'installa dans la chambre. Je n'osais pas le regarder. Je sentais finalement ses lèvres se poser sur mon crâne, ses doigts entremêler les miens. « Moi aussi je t'aime princesse. » Je fus soulager par ses mots. Je déposais un léger baiser sur ses lèvres avant de m'endormir dans ses bras. Les jours suivants, se fût très bizarre entre nous. Au lycée il me fuyait presque, m'ignorait même, alors que le soir venu il courrait chez moi en cachette. Je ne comprenais pas d'ailleurs pourquoi. Il me disait qu'il m'appartenait , mais il ne voulait pas que notre relation devienne "public". Et je suis restée dans cette situation pendant des mois et des mois. Comme si notre histoire nous était interdite.
« Putain mais lâche-moi un peu! J'en ai rien à foutre de toi! Ca y est, on a couché ensemble et tu crois que je suis à toi? Dégage! T'étais juste un pari, je devais coucher avec les soeurs Blackheart et c'est ce que j'ai fais, alors oublie-moi va! Et tu crois réellement qu'une gamine comme toi m'intéresse? J'en ai rien à foutre d'une fille de 15 ans, donc dégage! » Ses mots étaient d'une telle violence, son regard si froid, que des larmes me montèrent aux yeux. Je l'avais vu avec une autre fille, dans les couloirs du lycée. Grande gueule comme j'étais je ne pû m'empêcher de les séparer. Il m'a humilié, détruite, devant tous ses amis et tout le lycée. Depuis ce jour j'ai refusé de lui adresser la parole, bien qu'il s'excusait et qu'il venait sans cesse frapper à la porte de la maison familiale. J'avais été bien conne! C'est à partir de ce jour que j'ai commencé à coucher avec n'importe qui, à boire un peu trop, à fumer un peu trop d'herbe.
Puis les années sont passés. Un an après cette épreuve de ma vie, je me retrouvais à la Nouvelle-Orléans, prête à recommencer une nouvelle vie et surtout à l'oublier. Pendant des années et des années je me suis dit que plus jamais je ne ferai avoir par ces conneries de sentiments. Chaque matin, en me levant, je ressassais cet instant où mon coeur c'était brisé, pour ne plus souffrir à nouveau. Et pourtant, même si j'essayais de le rendre monstrueux dans mes souvenirs, son visage me collait à la peau. Puis j'ai rencontré Shane, j'ai retrouvé goût à l'amour, bien que son souvenir reste ancré en moi. Il y a quelques semaines j'ai reçu un message. « C'est Grayson. Je sais, ça fait longtemps. Je suis à la Nouvelle-Orléans, j'ai croisé ta soeur cet après-midi. J'ai besoin de te voir, vraiment. S'il te plait, répond moi. Et excuse-moi encore, je n'étais qu'un gosse. Princesse, s'il te plait, répond... » Mon estomac se tordait alors. Il osait revenir dans ma vie, comme ça, alors que j'avais enfin réussit à guérir cette blessure que j'avais au plus profond de moi? Je jetais mon portable, mais rien n'y faisait. Ce message m'avait chamboulée. Me dire qu'il était là, dans la même ville que moi. J'aurai voulu lui répondre, le voir, et lui foutre un putain de coup dans la gueule. Mais je ne fis rien. Il essaye de me voir, chaque jour, mais je le fuis plus qu'autre chose. J'ai peur que quelque chose en moi se ravive rien qu'en croisant son regard.